Cross,
Chant des collèges
de Julie Rossello-Rochet │ mise en scène Marine Maluenda
Dossier de diffusion >Je suis fascinée par cette période intense qu’est l’adolescence, ni tout à fait adulte mais plus tout à fait enfant, cet instant de bascule où l’individu cherche à s’extirper du monde de l’enfance, à sortir de sa chrysalide pour entrer dans le monde des adultes, tente d’adopter ses codes sociaux mais sans posséder encore les armes pour en affronter la violence, où notre corps et notre rapport au monde changent, nous déstabilisant totalement et nous rendant vulnérables.
Et ce qui m’intéresse encore plus, c’est la manière dont l’adolescent use de la fiction, réécrit sa réalité, utilise la distanciation comme un outil pour traiter le flot d’informations nouvelles qui l’inonde.
Qui n’a pas été, à cet âge, le réalisateur du film de sa propre vie ? C’est ce rapport à la réalité brouillée que j’ai envie de transposer au plateau, ce mécanisme d’auto-défense incroyable que développe Blake, humiliée, diminuée, violentée soudainement, pour relever la tête et devenir l’héroïne invincible de sa propre vie.
C’est ce qui m’a plu tout de suite dans l’écriture de Julie Rossello-Rochet : l’usage de la narration qui permet cette nécessaire mise à distance pour exprimer, tout en lyrisme et poésie, les violences subies par notre héroïne. Le texte prend la forme d’un long monologue à la troisième personne, mais c’est pourtant bel et bien Blake qui parle, qui nous offre le récit de sa propre vie.
Cross, c’est traverser en anglais mais c’est aussi la croix (ici celle qu’on porte comme un fardeau), c’est la dispute (to be cross with someone), ou encore se rencontrer, se croiser. Alors Cross c’est certes le récit d’une année de harcèlement scolaire résumée en 7 jours, mais c’est aussi toutes les interrogations qui traversent cet âge qui sont abordées intensément : l’amitié, le désir et l’amour évidemment, la remise en question de l’autorité parentale (de l’autorité tout court), le besoin de liberté. Et cette zone d’ombre, la nuit, où la réalité revient au galop avec plus encore de violence qu’éveillé, où le film ne suffit plus, la pellicule brûle pour révéler la plus nue des vulnérabilités.
Il m’est apparu évident que la course serait primordiale dans le spectacle, une course de relais plus précisément, entre les comédiens qui interpréteront ce récit tour à tour et parfois ensemble, de manière chorale. De plus, ce spectacle doit s’envisager hors les murs et in situ, dans les établissements scolaires, pour être au plus près du public auquel il est destiné et apporter la part de réel nécessaire et ainsi contrebalancer la distance imposée par le texte.
Marine Maluenda

L’histoire
Un soir, dans l’intimité de sa chambre, Blake, douze ans et demi, crée son profil sur le réseau social au milliard d’utilisateurs. Le déferlement de violence verbale qui s’ensuit est immédiat. La jeune fille éteint l’ordinateur. Mais le cyberharcèlement est sorti de l’écran comme il y était entré – par effraction dans la vie de Blake. Il envahit son quotidien au collège et perturbe ses nuits.

Générique
Autrice Julie Rossello-Rochet
Mise en scène Marine Maluenda
Assitanat à la dramaturgie Dina El Guebali
Costumes Noé Pflieger
Création sonore Thomas Najnudel
Avec Guillemette Beaury │ Audrey Bertrand │ Robin Betchen │ Sylvain Lablée │ Marine Maluenda │ Oscar Paille