La Mer de
Poséidon en caddie
de Vhan Olsen │ mise en scène Audrey Bertrand
Si j’ai voulu aborder au théâtre ce sujet à la fois trivial, complexe et fascinant, c’est d’abord parce qu’il nous concerne tous, puis parce qu’il me semble questionner tout le monde. Il est à mon sens extrêmement représentatif de la société dans laquelle nous vivons, ce vivre-ensemble que nous nous efforçons d’interroger et de représenter avec la Bande à Léon depuis plusieurs années. Quoi de mieux qu’Auchan, Carrefour, Lidl, Leclerc, Casino et tous leurs concurrents pour nous raconter des histoires qui nous poussent à réfléchir sur notre condition et nos choix.
Suite au conséquent travail de collecte de témoignages, de recherches, de journées d’immersions et d’actions culturelles (cf. Génèse du projet), nous avons œuvré avec Vhan Olsen et l’équipe artistique du collectif à retranscrire au plateau le quotidien et les contradictions de ce non-lieu : la violence qu’il contient, sa douceur aussi, sa valeur refuge, sa catastrophe, sa nécessité, les rencontres qu’il offre, la solitude qu’il transpire. L’objectif, grâce à l’écriture poétique et imagée de Vhan, a été de transcender le supermarché, partir du concret pour arriver dans l’imaginaire.
Je souhaitais malgré tout raconter une histoire. Ce sera celle du Super M, de ses pêcheurs-fournisseurs, des poissons qu’ils doivent livrer au Supermarché. Ce sera celle aussi des délais de livraison, d’un directeur excessif et survolté, des employés dévoués, des clients pressés. En somme, de toutes ces entités perdues dans ce tourbillon de la vie.
Une histoire au royaume de la consommation ne peut s’envisager sans son ambiance sonore. Je l’ai voulu omniprésente. Les chansons françaises d’abord, parce qu’elles passent en boucle dans les supermarchés, comme un patrimoine. On les chante sans s’en rendre compte, nous font rire ou pleurer, demeurent ringardes et belles à la fois. La musique électronique et les nappes sonores de Florent Collignon permettront également de transpercer nos inconscients et d’induire la distorsion de cette réalité.
Une histoire au royaume de la consommation ne peut, non plus, s’envisager sans sa saturation d’images et de couleurs. Les créations vidéos de Gaëtan Trovato, les lumières de Charly Lhuillier, la scénographie d’Alix Mercier et les costumes de Malou Galinou y donneront corps, entre agressivité et plastique, à la frontière du réalisme et des chimères, des rêves et des cauchemars. Je leur ai demandé de retranscrire cette douce violence de la grande distribution qui nous pousse vers une folie sociétale, un entassement d’aberrations écologiques et humaines, de pollution.
Une histoire au royaume de la consommation ne peut, enfin, s’envisager sans ce flirt avec les Mythes qu’inspirent les géants du commerce, leur démesure, leurs légendes. Parce que les poissons manquent, parce qu’on les remplace par de la pourriture, alors on l’empoissonne, on devient poisson. Avec Vhan nous voulions nous élever dans ce voyage en absurdie, le traiter par le rire, la démesure, l’étrange. Cet univers superficiel de la consommation est-il finalement réel ? Que reste-il de notre simple humanité ?
Ce paradoxe insaisissable, nous avons voulu le traverser, le transformer, le mythifier.
Audrey Bertrand
L’histoire
Au supermarché Super M, l’excitation est à son comble : grosse fin de semaine, beaucoup de clients, employés conquérants, mais... pas de poissons sur les étals. En pleine mer, les filets sont vides et les pêcheurs portés disparus.
Alors la chaîne d’approvisionnement déraille, et avec elle toute la société. La métamorphose d’un monde contemporain en déroute s’opère, la Mythologie et ses créatures prennent la place. Au Temple de la consommation, la liste de courses se déroule en fil d’Ariane dans les rayons, et les clients hypnotisés parcourent le labyrinthe à la recherche d’une vérité en promotion.

Générique
Texte inédit
Création Novembre 2022 - La Bande à Léon
Texte Vhan Olsen
Mise en scène Audrey Bertrand
Assistanat à la dramaturgie Dina El Guebali
Scénographie Alix Mercier
Costumes Malou Galinou
Vidéo Gaëtan Trovato
Lumières Charly Lhuillier
Avec Robin Betchen │ Sylvain Lablée │ Marine Maluenda │ Noé Pflieger │ Antoine Quintard
Photos Guillaume Millochau
Production La Bande à Léon
Coproduction Théâtre Brétigny - scène conventionnée d’intérêt national
Soutiens
ADAMI | SPEDIDAM | Anis Gras – Le lieu de l’Autre | Théâtre Brétigny – Scène conventionnée d’intérêt national | Carrefour Sainte-Geneviève-des-Bois | Centre commercial La Vache Noire | Commune de Boussy-Saint-Antoine | Conseil Départemental de l’Essonne | Les Déchargeurs – Nouvelle scène théâtrale et musicale | Lilas en Scène | Tangram – Scène nationale d’Évreux-Louviers
Extraits presse
« Une création à l’humour aussi absurde que ravageur. » HOLYBUZZ
« Le travail scénographique est admirable. Cette ode épique faite au temple de la consommation se déguste avec gourmandise. » L'ŒIL D'OLIVIER
« Entre théâtre documentaire, opéra rock foutraque et tragédie contemporaine sur fond de crise anthropocène, La mer de Poséidon en caddie nous offre un spectacle total en nous tendant le miroir à peine déformant de notre société de consommation. Il faut saluer la mise en scène d’Audrey Bertrand qui arrive à tenir admirablement tous les bouts d’une œuvre à mille facettes. » SNES EDU
« Le texte corrosif de Vhan Olsen Dombo témoigne des mutations de la société et Audrey Bertrand en fait un spectacle réjouissant, plein de finesse et de clins d’oeil. Des comédiens épatants. Une vraie réussite. » FROGGY'S DELIGHT

